"Je ne me suis jamais vue comme une criminelle. Pendant des années, j’ai travaillé pour une compagnie de transport, mais à un moment, tout a basculé. Mon fils… il me faisait peur. Il était violent, dépendant, et je ne savais plus quoi faire pour l’aider. Alors, j’ai commencé à prendre de l’argent de l’entreprise. Juste un petit montant au début, je me disais que ça réglerait tout, que ce serait temporaire. Mais ça n’a pas arrêté.
À chaque faux virement, chaque chèque que je déposais… Je me convainquais que je n’avais pas le choix. Je ne voulais pas mettre mon fils dans la merde, il me menaçait sans cesse. Alors, j’ai continué, en fermant les yeux sur ce que je faisais vraiment. C’était pour lui, pas pour moi. Je me disais que je finirais par tout arrêter, que ça s’arrangerait.
Mais voilà, ça ne s’est jamais arrangé. Au bout de 7 ans, tout s’est écroulé. Quand ils ont découvert ce que j’avais fait, je me suis sentie soulagée. J’allais enfin pouvoir dire à mon fils : “Il n’y a plus rien que tu peux me faire.”
La fraude portait sur 1,1 million de dollars, réalisée sur 7 ans. Beaucoup d’employés qui commettent des fraudes internes tiennent ce discours : un événement de vie, une pression insoutenable, une opportunité, un engrenage, et un soulagement au moment où ils se font prendre.
“Ce n’était pas si grave au début, pas vraiment d’autre choix, ce n’était pas pour moi, c’était pour lui, mais j’ai trahi ceux qui m’avaient fait confiance. Une trahison envers moi-même aussi.”
Mais voilà où mon œil de détective analyse les choses :
Je me demande: à quel moment cette femme a-t-elle abaissé ses barrières mentales? Comment a-t-elle rationalisé le fait de voler, non plus par urgence, mais de manière répétée sur sept longues années? Était-ce vraiment uniquement sous la pression constante de son fils ou y avait-il, au fond d’elle, un basculement vers une routine et un sentiment d’impuissance qui l’ont poussée à continuer?
Une autre question : pourquoi personne n’a rien remarqué plus tôt? Ce genre de comportement laisse des traces. Comment l’entreprise n’a-t-elle rien vu pendant tant d’années? Était-ce de la négligence, une confiance aveugle, ou tout simplement la croyance que ce genre de choses ne peut pas arriver ici, parce que "nous sommes un excellent employeur, cela arrive aux autres, pas à nous"?
Au-delà de l’acte de fraude, ce cas soulève une réflexion sur le mélange explosif entre vulnérabilité humaine et opportunités non contrôlées. Notre rôle, en tant que détectives, est de comprendre ces mécanismes, de documenter et de prouver pour éviter que d’autres ne s’y engouffrent à leur tour.
Dans la tête d’un fraudeur, il y a toujours une justification. Dans la tienne, je ne veux pas qu’il y ait : “Cela n’arrive qu’aux autres.”
Comentarios