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  • Photo du rédacteurPhilippe Chevalier

Détective privé dans le Métavers ?





Une avocate me demandait très récemment ce que fait un détective dans le Métavers ?


Le Métavers peuplé d’avatars n’échappe pas aux problèmes éthiques, moraux, légaux, psycho, économiques.

Mais on ne peut pas mettre les pieds dans le Métavers sans avoir une idée précise du sol que l’on s’apprête à fouler. Voici une excellente définition offerte par Marion Bories (Responsable études marketing chez WEBEDIA , https://fr.webedia-group.com )

« Le Métavers est un lieu de rencontre stable dans le temps, d’une communauté qui souhaite s’engager dans une activité sociale en ligne et en immersion »

Que ce soit dans les univers virtuels de Décentraland ou de Sandbox, l’objectif des utilisateurs est souvent d’aller chercher dans le monde virtuel une vie qui ne peut être vécue dans le monde réel.

Le mot avatar donne déjà le ton, puisque son sens originel est « incarnation d’une divinité venue sur terre en prenant forme humaine pour rétablir un ordre cosmique ». Sauf que dans les Métavers ce sont des humains qui prennent une forme de leur choix pour ….jouer ?, réaliser leurs rêves ? , ou …exercer du pouvoir ?

Le psychologue Jean-Maxence Granier (http://www.think-out.fr) s’intéresse à ce dédoublement du moi (ou bien continuité du moi et des rêves). Lors d’une conférence récemment organisée par WEBEDIA, il m’a fait mieux comprendre bien des enjeux qui surgissent parfois dans nos nouvelles enquêtes dans le Métavers.


Délinquance dans le métavers


Ne pas s’arrêter à la lumière rouge sur un boulevard urbain dans une ville Métavers est un grand plaisir pour bien des joueurs. La désinhibition est une réalité qui n’a rien de virtuelle dans le Métavers et l’infraction routière en serait presque anecdotique.

Faut-il se préoccuper de comportements inappropriés de la part d’avatars :

Harcèlement/racisme/sexisme/ou toute autre forme de comportements qui seraient intolérables dans la vraie vie, le sont-ils autant de la part d’un avatar ?

En d’autres mots, entendra-t-on un jour ce dialogue ?

- Plaignant : Je suis harcelé dans mon jeu par un guerrier viking hypertrophié qui se fout de ma gueule et m’opprime, m’envahit, me harcèle et me fait souffrir…

- Enquêteur : Quand vous dites « je », vous parlez de qui ?

- Plaignant : Ben moi, le petit gnome hermaphrodite !

- Enquêteur : Heu.. Votre avatar sur le jeu ?

- Plaignant : Ben oui…heu non…oui…enfin moi dans le jeu, c’est à dire moi comme je me suis fait dans le jeu … c’est quand même moi.

- Enquêteur : Mais le jeu a des concepteurs/administrateurs/modérateurs ?

- Plaignant : Oui, mais … ce n’est pas mon avatar qui est atteint, c’est moi, il faut donc retracer le Viking, attribuer son identité et le traîner en justice.

- Enquêteur : Laquelle de justice ?

- Plaignant : Ben la vôtre de justice, il y a des lois contre le harcèlement criminel et le harcèlement sexuel non ? ? Il s’attaque à moi comprenez vous ?

- Enquêteur : Hum…le grand Viking ? il s’attaque à vous ou au … comment vous dites …au petit gnome ?

- Plaignant : Ben les deux, moi c’est les deux, je souffre pareil en dehors du jeu, le mal est fait et le viking a des gestes et attitudes criminelles … vous comprenez maintenant ??

- Enquêteur : ?!?!?!?!

Cette situation ne nous a pas encore été soumise, nous sommes davantage sollicités pour des problèmes de fraudes, mais je crois que nous ne sommes plus très loin de ce genre de dialogue.


Le Métavers est en construction, comme une auto-création, une tour de Babel.





Mais les avatars qui gravitent dans la tour permettent aussi, il faut aussi voir le positif, une meilleure communication, parfois moins de préjugés, et sans doute de nouvelles formes d’engagement positives.

Le psychologue Michael Stora (http://www.omnsh.org/michael.stora) , lors de la même conférence, s’est intéressé à la mise en scène que les joueurs façonnent dans leur présence virtuelle et leur avatar.

Il rappelle cette citation d’Oscar Wilde : « J’en sais plus sur toi quand tu as ton masque que quand tu l’enlèves »



Ce n’est pas anodin qu’Oscar Wilde, auteur du portrait de Dorian Gray, apparaisse ici.

Car Dorian Gray m’a souvent fait penser à cette question d’avatar et de Métavers. L’homme dans le portrait aurait-il pu être un joueur dans le Métavers ?



Tous les jeux ont des règles, car ce sont les limites et les résistances à la toute-puissance qui en font l’intérêt. Michael Stora précise que la liberté n’existe que dans un cadre, avec des modérateurs, des droits, des sanctions, des moyens d’empêcher que la compétition ou l’affrontement ne devienne une destruction.

Donc …Police ! et enquêteurs ! Rappelons que le mot police vient de Politéa, et désigne l’art de gouverner une cité.

Le Métavers pourrait ressourcer le travail policier : (https://fr.wikipedia.org/wiki/Principes_de_Peel) .

Mais présentement les enquêteurs privés de Sarx sont davantage impliqués sur les enquêtes financières dans le Métavers, alors parlons réel et concret donc…

Parlons argent, parlons monnaie et parlons crypto :

À titre d’exemple Sandbox est un jeu Métavers parmi les plus populaires, le Sand en est la monnaie , selon la définition du jeu : « SAND is the utility token used throughout The Sandbox ecosystem as the basis for transactions and interactions. It is an ERC-20 utility token built on the Ethereum blockchain. There is a finite supply of 3,000,000,000 SAND » Donc Sand est une monnaie virtuelle avec une valeur réelle dans les deux mondes. Un usage et une valeur dans le jeu d’une part, et une valeur réelle de crypto-actif sur les plateformes d’échange d’autre part.

Le Sand est une monnaie plutôt « souveraine » dans son univers (bien que régulée avec transparence contrairement au dollar américain dans le vrai monde) , le Sand est régulé par … le code … car comme dit l’incontournable adage : le code c’est la loi.

Les jeux dans le métavers sont des univers friands de souveraineté et de moyens de la faire vivre avec une monnaie dédiée et utile, régulée et ayant son propre usage. Le public demande des monnaies CrossChain , utilisables dans plusieurs jeux. La finance est une affaire sérieuse dans le Métavers, et autant les promoteurs de projets crypto, que les banques classiques, mais aussi les fraudeurs le savent bien.

Or ces enjeux sont nouveaux, les fraudeurs ont une certaine liberté créative qui nous empêche de dévoiler ici des stratagèmes, car ceux-ci seraient reproductibles dans les minutes qui suivent la lecture de cet article.

Bien des gens jouent pour gagner financièrement, d’autres investissent dans du mobilier ou de l’immobilier Métavers. Des sources de financement apparaissent dans le Métavers. Donc un potentiel de fraude et de malversations apparaît simultanément, car les avatars ne sont pas des dieux descendus dans le monde, mais des humains en double vie.

Les enquêtes dans le métavers ne sont pas des filatures et surveillances dans un monde virtuel, mais parfois des enquêtes techniques sur des blockchains, sur leurs promoteurs, et parfois des enquêtes visant à franchir les barrières du pseudonymat.

En conclusion, Le Métavers est fascinant et personne ne peut se permettre de l’ignorer, mais comme tout nouvel essai de tour de Babel cela prend de l’organisation et du travail d’équipe, de la sécurité, des lois harmonieuses et claires, sinon cela finit mal.

La légende de la tour de Babel fait référence à la puissance de l'effort collectif, avec une petite dose d'orgueil humain et de partage du savoir. Tout grand chantier attire la convoitise, la fraude et les mauvais comportements, d’où la nécessité de déployer des méthodes d’enquêtes web3.

Et cela va vite, car il y a 18 mois, notre agence d’enquêtes privées n’avait pas encore recruté de jeunes cyber-enquêteurs. Désormais nos nouveaux cyber-enquêteurs web3 travaillent jour et nuit (et souvent plus la nuit que le jour) pour un web3 propre et protégé, respectueux des libertés et des règles qui permettent de l’exercer.


(Article qui puise de l’inspiration dans l’excellente conférence organisée par WEBEDIA le 24 mars dernier)









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